mercredi 3 février 2016

Entre la mère idéale et la mauvaise mère...

Être mère...
Tout un programme !
Entre suivre ses idéaux et faire face à la réalité du terrain et de l'humain...
Jongler entre les besoins de l'enfant, du couple, de la famille et les siens..


petit Hibou mange des mûres

   Dans mon monde idéal, je vivais une grossesse épanouissante en totale connexion avec mon bébé, j'accouchais dans l'extase, j'allaitais mes enfants jusqu'au sevrage naturel vers 3-4 ans, ils n'avaient bien sûr pas de tétine, ils étaient portés abondamment en écharpe et avec amour, dormaient à côté de nous d'un sommeil reposant car c'est bien connu, un enfant materné et en co-dodo est bien plus serein et en confiance et donc dort profondément. Ils ne mangeaient que des aliments vivants sains et bio... Je ne les laissais jamais pleurer, et de toutes façons, ils n'auraient jamais besoin de pleurer puisque tous leurs besoins d'amour et de proximité seraient remplis. Ils étaient en couche lavable exceptionnellement mais ma connexion avec eux me permettait de pratiquer l'hygiène naturelle infantile et de répondre à tous leurs besoins d'élimination et donc de les laisser sans couche la plupart du temps. Ils n'allaient pas à l'école mais apprenaient à leur rythme à la maison dans une joyeuse et enthousiaste communication avec leurs parents...

Cui cui cui...

Et puis... PLOUF ! Mes enfants ont décidé que mes idéaux devaient être revus à la baisse sûrement et j'ai dû donner un grand coup de pied dedans.

J'ai trouvé super dur d'être enceinte... J'ai dégueulé de nombreux repas, eu des bleus plein les jambes, je me suis traînée comme si j'avais une gastro de plusieurs mois d'affilées.
J'ai trouvé mon premier accouchement horrible (pourtant un simple accouchement à domicile)...
J'ai trouvé mon second accouchement trop "facile", rien d'extraordinaire, ni d'extatique...

Mes enfants ont pleuré beaucoup... le soir surtout pour l'aîné, mon petit loup; la nuit surtout pour le second, mon hibou (c'est encore plus sympa la nuit...).
M'ont pincé les seins et fait maudire l'allaitement maternel... (Dès l'âge d'un an, j'ai vite espacé les tétés.)
Ils ont étalé de nombreux cacas sur le plancher, pissé sur moi un nombre incalculable de fois jusqu'à ce que je me décide à remettre des couches. Et même des jetables la nuit !
Petit Hibou a une tétine, j'ai craqué après de nombreuses nuits sans sommeil, les tétons en feu et au bord de la surdité due à des hurlements incessants. Moi qui jamais, ô grand jamais ne ferais entrer cette "chôse" dans ma maison...
Petit Loup se sauve tous les jours pour aller manger chez sa grand-mère parce que c'est meilleur le "pain jaune" (la baguette industriel) que le pain avec "la grosse croûte" (le pain bio artisanal) et que là-bas, on peut mettre du sucre dans les yaourts, qu'il y a des yaourts tout court plein le frigo, en fait... Et des goûters plein de bonbons et de brioches...
J'ai pesté contre le co-dodo quand je me retrouvais entre mon petit Loup qui me tripotait les cheveux toute la nuit et mon petit Hibou qui me tripotait les tétons en même temps... écrasée entre les 2... Je finissais par me sauver pour dormir sur le canapé TOUTE SEULE !!!
J'ai bien souvent jeté mes bébés dans les bras de leur père ou de ma belle-mère en fin de journée : "Tiens ! Prends-le ! J'en veux plus !
Mais pourquoi j'ai voulu des gosses, mon Dieu, c'est épuisant !"

Je leur ai hurlé dessus parfois, à bout, épuisée parce MOI, je voulais faire une sieste mais pas eux, apparemment. J'ai pondu 2 engins à énergie perpétuelle, rechargeables au soleil et qui n'ont pas besoin de sommeil semble-t-il, ou moins que des adultes en tous cas.
J'ai donc renoncé à l'idée de les avoir 24 heure sur 24 à la maison et trouvé que finalement, l'école ce serait pas mal...

petit Hibou

Et j'ai pleuré sur mon sort bien souvent en me maudissant s'être une aussi mauvaise mère et en admirant toutes ces femmes qui, elles, remplissaient aussi bien mes idéaux, et avec le sourire s'il vous plaît, et sans avoir la peau sur les os...

Et puis, et puis, je me demande si en fait, je n'ai pas "bien fait" de lâcher mes idéaux lorsque je sentais que je dépassais mes limites afin d'éviter qu'ils ne deviennent des dogmes.

Accepter que je n'ai ni l'histoire, ni l'environnement, ni le soutien, ni le tempérament de ces mères que j'admire et que ma foi, mes enfants ne m'en voudront peut-être pas tant que ça.

Privilégier l'humain sur les idéaux.

Se respecter en tant que femme, individu, pour que la mère que je suis puisse montrer l'exemple à ses fils et qu'ils sachent à leur tour respecter leurs limites (et celles de leurs compagnes !).

Peut-être aussi éviter que mes enfants décident plus tard de ne pas avoir d'enfants parce que "ça demande trop de sacrifices". (Ce que j'ai moi-même pensé avant que petit Loup ne s'invite, et que, au vu de la natalité en berne, pensent de plus en plus de gens aujourd'hui).

Donc, peu à peu, mais ce n'est pas acquis encore, je réalise que ce qui est important, c'est le fond et non pas la forme. Que je donne aussi avec beaucoup d'amour un biberon à mon fils les jours où je n'ai pas envie de donner le sein. Que je passe des moments bien détendus à jouer avec lui même s'il a une couche mouillée sur les fesses. Que j'ai plaisir à retrouver mon grand lorsqu'il rentre de l'école. Et que je ne serai jamais une mère parfaite, et que du coup, ce sera plus simple pour eux de s'envoler et de trouver plus tard une femme "mieux que leur mère" !

petit Loup


Si tu penses un jour avoir acquis la sagesse... fais des enfants ! Et tu verras que tu as encore du chemin...

4 commentaires:

  1. Etre mère comme tu dis : "tout un programme" Tes idéaux m'ont fait sourire car j'aurais pu moi-même les rédiger. Pour l'HNI, même si je crois profondément au bien-fondé de cette approche, je savais que j'y laisserais ma santé mentale. Mme Tétine (que mon amie Julie surnomme "ta gueulette", ça me fait mourir de rire quand on bosse ensemble) a fait son apparition dans notre maison il y a un mois et demi. Je ne sais pas trop comment c'est arrivé mais elle est bien là vissée dans la bouche de ma Zélie. Louis irait bien vivre chez ses grands-parents parce qu'eux, au moins, ils mangent de la viande, ils ne lui demandent pas de faire ses devoirs et ils jouent même à des jeux de société ! Je dors toujours dans la mezzanine avec ma petite chouette (on devrait envisager de la mettre avec ton petit hibou ils se tiendraient compagnie !) pour permettre à Sébastien d'essayer de dormir. La demoiselle a tendance à penser ces derniers temps que la nuit est faite pour s'entraîner à jacasser (et encore je bénis le ciel car elle ne pleure pas). Mais je reste aussi sur mon perchoir parce que je ne supporterais pas qu'Eloi se colle à moi pendant la nuit.
    Je voue un culte aux instits qui s'occupent toute la journée des mes petits zouaves ! je ne vais même pas les chercher le midi pour le repas. A quoi bon? ils préfèrent la cantine puisqu'il y a de la viande. Bref tout ça pour te dire que non nous ne sommes pas des mères parfaites. D'ailleurs les mères parfaites ça n'existe pas. On ne voit chez les autres que la partie émergée de l'iceberg, on a l'impression que c'est tout rose,... La vie est trop courte et trop fatigante pour se ronger de culpabilité. Je trouve que c'est une belle leçon de vie pour nos enfants que de savoir que l'on peut s'aimer avec nos limites et nos défauts. Et puis j'espère qu'on parviendra à leur transmettre ces valeurs qui sont importantes pour nous pour qu'à leur tour ils soient des parents imparfaits mais maternants.

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    1. Merci pour ce commentaire ma belle ! Parce que, Naturette est dans le hit-parade de ma liste des "mères parfaites" ! :D

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  2. Oh punaise, comme j'ai rigolé !!! C'est tout à fait ça, tout à fait moi, surtout la description d'avant les enfants :-) Et même les accouchements, olala, premier aad horrible, deuxième aad facile mais bon, voilà, toujours pas d'orgasme...

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    1. Toute la difficulté est de ne pas faire le 3è juste pour espérer l'accouchement orgasmique ! Hahaha !

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